« Nous prenonsdu temps en couple » « Nous prenonsdu temps en couple »

Gravir le col de la Cayolle et celui de la Bonette, dans les Alpes du sud, conjuguer randonnées et bivouacs, faire des balades dominicales… Il y a deux ans, les époux Hercouët se sont découvert une nouvelle passion : le vélo. « Depuis le départ de la maison de nos trois enfants, nous recherchions une activité à pratiquer en commun, mais qui ne nous imposait pas de contraintes horaires », raconte Lucienne, 61 ans, débordante d’énergie. En Gaec avec son mari Alain, 56 ans, ils produisent du lait bio à Saint-Jacut-les-Pins, dans le Morbihan. « Nous y avons pris goût. Dès que possible, nous essayons de nous échapper », poursuit Alain. Cinéma tous les dimanches soir, pratique de la bombarde (1) pour Alain et « chiffonneries » (2) pour Lucienne. Les associations et activités ne manquent pas dans le pays de Redon.

Priorité au bien-être

Il y a deux ans, le couple a embauché un salarié à plein-temps, ce qui lui permet de disposer d’un week-end par mois. « L’idéal serait d’en avoir deux. » Son objectif : profiter de bonnes choses à deux. « Désormais, notre priorité c’est le bien-être de l’humain, car ça n’a pas toujours été le cas », témoignent les exploitants. En 2014, ils ont délocalisé le site de l’élevage à 200 mètres de l’ancien, enclavé dans le hameau où ils habitent. Les bâtiments étaient devenus obsolètes, les installations inadaptées. « On se cassait le dos. » Ce nouvel outil fonctionnel sera aussi un atout pour la transmission le moment venu.

« Tout n’a pas été rose »

Depuis leur installation en 1992, après une première carrière, tous les deux comme enseignants en lycée agricole, la ferme n’a pas cessé d’évoluer : démarrage sur 40 ha avec 40 vaches et des porcs à l’engraissement, association avec un voisin, puis décès de ce dernier, passage en bio en 2009, construction d’un nouveau site pour accueillir 80 vaches et augmentation de la surface à 120 ha.

« Tout n’a pas été rose. Je suis passée par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, se remémore Lucienne. Au travail, l’organisation n’a jamais été formalisée et ça a toujours bien fonctionné. Mais on a souvent eu l’impression de courir après le temps. » D’autant plus qu’Alain a été maire de la commune pendant treize ans. Cela ne les a pas empêchés de partir en vacances une semaine par an et d’inscrire les enfants à une activité sportive et musicale. « J’ai toujours fait en sorte que la maison ne soit pas une annexe de la mairie », souligne Lucienne. « Aujourd’hui, avec la fatigue physique qui se fait plus pesante, nous apprécions notre mode de vie. Il n’aurait pas forcément été possible avec un associé. On est heureux de travailler en couple dans le pays redonnais ! », sourient-ils. Isabelle Lejas

(1) Instrument à vent, à anche, au son puissant, d’origine bretonne. (2) Restauration de vieux meubles, décoration…

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